Paris, 10 avril 2011. Il est environ 11h30 et je suis parti depuis 2h42’. Je viens de passer le km 35. La douleur de l’effort devient chaque mètre de plus en plus insupportable. Je suis contraint de m’arrêter dix minutes, avant de pouvoir reprendre ma pénible marche vers la ligne d’arrivée. Je termine en 3h25’. Mon objectif de terminer en 3h15’ n’a duré que 35 km…
Mais malgré l’amertume, je suis certain que les 3h15’ sont à ma portée.
Je ne cesse pas de m’entraîner, décidé fermement à atteindre l’objectif des 3h15’. Je me donne la consigne impérative de suivre le plan de Coach Olivier et surtout de faire toutes les sorties longues prévues au plan. Il me faut un marathon dans un maximum de 3 mois. Celui de Caen (marathon des libertés) est un bon candidat. Assez plat, parcours agréable et, semble-t-il bien organisé.
Le 19 juin, la journée s’annonce fraîche mais claire. A 7h le thermomètre marque 8 °C, le vent est modéré mais il est prévu se renforcer dans le courant de la matinée.
Le départ a lieu au village de Courseulles sur Mer, le parcours longera sur les premiers 18km deux des plages théâtre du débarquement de 1945 (Juno et Sword Beach), pour virer vers Sud, rentrer dans les terres et terminer à Caen au Mémorial du Débarquement. Presque plat sur les premiers 27 km, il cumule 60 mètres de dénivelé positif sur les restant 15 km. En tout il totalise 178m de dénivelé positif et 129 de dénivelé négatif.
Entre temps le soleil a chauffé l’air jusqu’à la température idéale de 15 °C. Le vent souffle mais modérément, le ciel est clair et limpide. Environ 900 coureurs sont au départ. 15’’ après le coup de départ c’est à mon tour de passer la ligne. Un autre marathon commence.
Dès le début je me tiens juste derrière le meneur d’allure de 3h15’, pourtant plus rapide que l’allure requise pour faire ce temps. Je baisse mon allure mais mon passage aux 21.1 km se fait tout de même en 1h36’. Je suis encore trop rapide. Je décide de laisser tomber le meneur d’allure et de suivre ma montre ; j’ai nullement envie de m’essouffler et terminer comme à Paris en avril à quelques km de l’arrivée. Au km 25 un vent venant du Sud commence à souffler sans pitié et nous contraint à des efforts supplémentaires. En effet, depuis un petit moment les coureurs (avec l’exception des petits groupes qui sont proche des meneurs d’allure), sont très espacés. Inévitable conséquence d’un marathon avec 900 inscrits !
Au 30 km mon chrono marque 2h17’ et je commence à être fatigué. La crainte d’aller droit dans le mur se fait grand comme une maison. Je baisse lourdement l’allure à 4’45’’ - 4’50’’ sur les 8 km suivants. Je me dis : « L’important est d’arriver au km 38 dans un état de fatigue supportable. Ensuite c’est la tête qui m’aidera. ».
Le passage au km 40 se fait en 3’05’20’’. Je sais que je vais sûrement améliorer mon record personnel de 3h18’52’’, mais sur les derniers 1200 mètres je me rends compte aussi que j’ai encore la force pour pousser et faire 3h15’.
Le public autour de moi m’incite en criant mon prénom. Je suis dans un état de d’euphorie totale. Désormais tout est dans la tête, sur les derniers 400 mètres je ne sens même plus mon corps.
Je croise la ligne de l’arrivée. Mon chrono marque 3h15’05’’ (105e sur 842 à l’arrivée). Enfin !
Silvio
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