Dans le port d'Amsterdam, Y a des marins qui naissent...
Mi Août, après une reprise très difficile sur 10km( environ 45'30), sans aucune préparation particulière, je décide qu'il est temps de reprendre un plan d'entrainement avec un objectif, histoire de mettre un terme au cycle de « reprise post blessure ». Le semi-marathon se révèle la distance idéale : un compromis entre ma « passion » pour les longues distances et mon « amour déchiré » des plus courtes. Et me voilà embarquée dans 9 semaines, de mer agitée : houle, clapotis, tempête....un seul objectif « rester » à bord et vaincre le mal de mer.
La progression n'est pas une belle droite linéaire mais plutôt une espèce de sinusoïde croissante : la peur de se blesser (enfouie pourtant profondément cet été) ressurgit lorsqu'il s'agit de remonter sur la piste, les passages de fatigue sont fréquents. Pourtant j'essaie de « casser » mon mode d'entrainement, en refaisant l'acquisition d'un cardio ( qui me rappelle sans cesse le « boulot » à accomplir !) et en me limitant à 4 séances dont une seule sur piste. Très vite j'en viens à laisser tomber mes chronos « d'avant » et à prendre chaque séance comme elle vient. Les 4 premières semaines sont très difficiles nerveusement et physiquement : dur de replonger dans la rigueur du plan d'entrainement quand ça fait 3 mois que « tu footing » comme tu veux ! Je m'accroche et accepte, sans m'accabler pour autant, d'être pas toujours au top, d'avoir des coups de moins bien....bref je laisse tomber les coups fouet à chaque entrainement « raté » et j'essaie d'avoir plus de souplesse en vers moi même. Puis viens le moment (environ 3 semaines avant l'objectif) , où la mer se calme, et durant lesquelles je peux naviguer sans la crainte de prendre l'eau. J'avance doucement, et me rend compte du chemin parcouru malgré l'agitation permanente. Amsterdam me voilà !
Comme dirait Kécily « vous avez eu une moule ! »....et oui c'est le temps de rêve au pays des canaux : le soleil rayonne, la température est légèrement fraiche, bref une météo qui donne du baume du coeur en ce début d'Automne.
Le départ est donné à 13H30,au niveau de l'allure je ne sais sur quel pied danser, je pars au feeling mais avec un oeil sur le cardio. Je me rends compte très vite que je suis un peu au dessus de mes allures d'entrainement, après avoir passé le 5ème km en 22'01 ( 4'24/km) mais les puls sont corrects. Les 5 kms suivant se passe tranquillement en 22'38 ( 4'31/km). Je reviens à une allure un peu plus réaliste....ou bien est ce les premiers signes annonciateurs, du « coup » de barre du 12ème ??!!! Tandis que le 11ème km se termine, je sens que l'embarcation commence à prendre l'eau: le souffle devient court, le ventre me tiraille, les jambes n'avancent plus....un oeil sur le chrono 4'50/km !! Rien ne va plus, une partie de moi voudrait marcher, l'autre se rebelle et tente d'écoper le bateau. Et me voilà prise, dans une tempête de sentiments contradictoires qui me font perdre de l'énergie inutilement mais qu'il me faut surpasser pour ne pas laisser tomber le rythme prévu. Je m'accroche, comme les jours de mauvais temps, et surpasse ma peur d'échouer...je passe le 15ème km, 22minutes et 58 secondes après le 10ème km soit du 4'35/km sur cette portion tumultueuse. Je sens que l'orage est terminé et que j'ai minimisé les dégâts. La fin de parcours m'est connu car nous l'avons fait dans la matinée pour rejoindre la zone départ : ce détail va me remettre en confiance. Etre capable d'anticiper dans l'espace le trajet à accomplir me redonne un regain d'énergie incroyable. Je respire mieux, je suis d'un coup plus relâchée. J'entre dans le parc avec « la positive attitude » sous les encouragements de Kristof et autres anonymes.
Je me refais le film de la matinée : le passage des marathoniens, les phrases lâchées entre amis..... bref j'essaie de me détendre pour oublier que les jambes sont dures. Je retrouve de très bonnes sensations et alors qu'à côté de moi, les gens faiblissent, je me réjouis de doubler tout ce « beau » monde. L'arrivée sur le stade approche, je corse un peu l'allure pour n'avoir aucun regret. J'ai oublié le chrono final depuis le 12ème et je n'ai aucune idée du temps qu'il va mettre attribuer. Les encouragements d'Adrien dans le dernier 200m et je boucle les 6,1kms derniers en 27'21 soit 4'29/km et ainsi ,c'est la 2ème portion la plus vite courue sur ce semi !!
Le chrono final affiche 1H35'58'', à la seconde près c'est mon « best » temps sur la distance. Je suis très satisfaite de ma fin de course, ulcérée d'avoir lâchée prise au 12ème mais globalement très heureuse d'avoir retrouver mon niveau « d'Antan »....avec des si, j'aurai surement pu arracher quelques secondes de moins, mais en étant lucide, je sais que j'ai couru de façon optimale par rapport à mes séances d'entrainements et c'est ma plus grande satisfaction !! car pour apprécier la performance, il faut m'avoir vu terminer mes 400m sur piste, exténuée, dans des temps « hors délais », finir mes sorties longues en marchant, trainer les pattes à 12,5km/h sur mes sorties à allures semi, abandonner un footing au bout de 40' ....bref tous ceux qui ,quelque soi les situations m'ont encouragé, supporté et convaincu de regarder vers l'avant au lieu de mes retourner sans cesse vers le passé, savent que la réussite de ce semi c'est de m'avoir redonné "le pied marin" et montrer que le meilleur est à venir.
Sophie Leau
Sophie était accompagnée à Amsterdam par deux autres Etoiles, Charles et Adrien pour le semi-Marathon Charles termine en 1h22'41 et Adrien en 1H27'44
Bravo à vous trois pour vos temps records, être en orange aux Pays-bas ça ne pouvait que vous portez chance